“Le Contrat est un concept de l’Analyse Transactionnelle”

La notion de contrat dans la relation et la formule K

par Axelle MASSAUX

Vous avez nécessairement connu cette situation où vous dites à votre interlocuteur : “mais on n’avait pas convenu de ça !” ou bien “ce n’est pas ce que j’avais compris de ce que nous nous étions dit !”… Propos généralement suivis d’un temps où une émotion (un ressenti) quelque peu désagréable survient et vous envahit, comme la colère, la déception, la frustration, la tristesse…  Que s’est-il passé ? Peut-être bien un “contrat” bien “cafouilleux” ! Le cafouillage s’appelle alors “la formule K”.

Le Contrat est un concept de l’Analyse Transactionnelle.

Eric Berne l’a défini comme “un engagement explicite, bilatéral, pour une action bien définie”.
Cela signifie que je me mets d’accord avec mon interlocuteur sur les termes d’une action à venir, à laquelle nous allons participer tous les deux – chacun ayant sa part d’engagement et de responsabilité dans la réalisation de cette action. Cette action, en général, est précise. Lorsque vous dites à votre enfant “tu te mets en pyjama, tu te brosses les dents et je viens te lire une histoire”, vous êtes mutuellement engagés dans ce contrat. Votre enfant doit faire 100% de sa part du contrat (pyjama et dents) et gare à vous si vous ne respectez pas 100% de la vôtre (lire l’histoire).

Ainsi, le contrat, tel que le définit Berne, est un acte de la vie quotidienne des plus banals, des plus usuels. Nous passons des dizaines de contrat par jour avec toutes sortes d’interlocuteurs, sur tous les sujets imaginables ; et nous en respectons des dizaines également. Certains sont implicites car usuels, règles de la vie en société (respecter le code de la route, payer ce que je prends dans le magasin, arriver à l’heure au travail…), tandis que d’autres, plus spécifiques ou uniques, demandent à être définis et précisés.

Ce qui nous intéresse ici, c’est de regarder ce qu’il peut se passer dans le cas où un contrat est implicite, inexistant ou flou… Et ça arrive dans nombre de cas, dont la subtilité sera la couleur de certains !

Pour schématiser ce qu’il peut advenir si le contrat n’est pas respecté, nous allons une fois de plus nous tourner vers le génie de Stephen Karpman, père du désormais célèbre (et ô combien utile !) triangle. Monsieur Karpman s’est rendu compte que lorsqu’un contrat avait été imprécis ou flou, au niveau de la matière ou bien concernant le temps, nous connaissions de fortes probabilités de basculer dans un jeu psychologique (les jeux psychologiques faisant partie des concepts centraux pensés et modélisés par Berne). D’où son nom : la formule K, pour Karpman.

Ainsi, le scénario du jeu se profile en 4 étapes, comme suit :

I. Une définition implicite ou incomplète du contrat, tant au niveau du temps que de la matière.
L’accord entre les deux interlocuteurs est flou, tant sur les délais (“dès que tu auras terminé ce que tu es en train de faire”, “c’est urgent”, “dès que possible”) que sur la matière, qui sera, dans ce cas, non mesurable, interprétable (“tu dois être rigoureux sur ce dossier”, “tu passes les détails, mais pas trop quand même, enfin.. tu vois quoi”, “on n’a qu’à s’arranger avec le client, tu t’en occupes”).

II. Violation perçue du contrat 
Une erreur ou un impair sont commis. L’un des deux interlocuteurs perçoit que l’autre n’a pas respecté son engagement. Il est convaincu que “les choses étaient claires”. Il ne remet pas une seule seconde en question la précision de l’accord. Ainsi, le fautif, c’est l’autre. A 100 % !

III. Double dévalorisation
Il va alors en référer au fautif et lui faire part des désagréments qu’il a subis, ainsi que de ce qu’il vit de désagréable. Et il ne le fera pas toujours “en mode CNV” ! C’est alors que son interlocuteur, ne comprenant absolument pas où se situe sa “très grande faute”, puisqu’il a respecté, pour sa part, son engagement, commence à se sentir envahi à son tour d’émotions aussi désagréables qu’inattendues ; il en veut au premier protagoniste de ses reproches injustifiés et persécuteurs !
Il va s’ensuivre une double dévalorisation, c’est-à-dire que chacun en voudra à l’autre, lui reprochant les conséquences vécues, pensant que tout est de sa faute à lui !

IV. Bénéfice négatif
Chacun des deux protagonistes va alors s’ancrer dans ses ressentis négatifs vis-à-vis de l’autre et de la situation. C’est souvent le sentiment d’avoir été piégé ou de s’être empêtré seul qui dominera.  Dans le meilleur des cas, l’un des deux ou les deux sentira(ont) que l’accord n’aura pas été très clair.  Pour autant, le processus du jeu se situant en-dehors du champ de la conscience, aucun des deux protagonistes ne peut dire avec exactitude comment ni jusqu’où il est responsable.

Le remède : abandon de l’ego et intelligence relationnelle

Quel est alors le remède lorsque vous vous apercevez que vous êtes en plein dans une formule K ?
Il n’y aura pas trois mille chemins !
La première phase sera de regarder, avec conscience et honnêteté, quelle a été votre part dans le processus. En quoi avez-vous été co-créateur de l’imprécision, du flou ? Comment avez-vous accepté cette imprécision, ce flou ? Laissez tomber votre ego, ce mauvais conseiller qui vous ressasse que la faute est nécessairement extérieure à vous. “Il n’y a pas d’échec, dit la PNL, il n’y a que des feedbacks“. Et si vous parvenez à voir l’échec comme un feedback, la couleur de la honte se réduira miraculeusement…

La seconde phase sera de régler la situation avec un dialogue constructif ; il s’agira de mettre les choses à plat avec votre interlocuteur en resituant les faits, puis en expliquant comment vous percevez vos erreurs mutuelles sur la définition de l’action et quelles solutions vous pouvez trouver ensemble pour résoudre le problème / faire avancer la situation.
La communication est toujours et largement plus simple lorsque les ego sont rangés au placard et que nous cherchons ensemble à réparer.

Will Schutz disait (et il vous le fait vivre dans le séminaire Élément Humain) : “Chacun est 100% responsable et nul n’est à blâmer.”
Une philosophie de la relation que chacun, dans nos vies quotidiennes, gagnerions à appliquer systématiquement, pour le bien de l’autre et pour notre propre équilibre…

A tous ces merveilleux outils, à ces génies qui les ont pensés… et aux bienfaits que vous pouvez chacun en tirer pour une vie transformée,

Axelle MASSAUX