« Les mécanismes de défense sont des comportements que nous activons lorsque nous percevons une menace venant de notre environnement «
La notion de mécanisme de défense peut être expliquée très simplement : vous remplacez « mécanisme » par « automatisme » et « défense » par « protection ». Ainsi, vous comprenez que les mécanismes de défense sont des comportements que nous activons lorsque nous percevons une menace venant de notre environnement (l’environnement étant l’autre, les autres, la situation, et l’environnement au sens premier).
Je vous propose ici de regarder les mécanismes de défense modélisés par l’assertivité et par l’Élément Humain (Will Schutz).
L’assertivité signifie « l’affirmation de soi » : elle désigne à la fois un état d’esprit et un ensemble de comportements qui consistent à se faire respecter, poser ses limites, dire ce que nous avons à dire, dans le respect plein et entier de l’autre. Ainsi, vous ne pouvez espérer déployer des comportements assertifs (exemple : dire stop à quelqu’un qui abuse de votre gentillesse) si vous n’êtes pas habité de l’intime conviction que « vous le valez bien », comme le clame une célèbre publicité… En revanche, une fois ancrées des bases minimales d’estime de soi, vous allez pouvoir vous pencher sur les outils que vous propose l’assertivité et les utiliser pour, concrètement, savoir comment dire quelque chose de désagréable à quelqu’un, comment dire non ou dire stop, comment tenir votre position face à quelqu’un qui insiste, comment recevoir une critique a priori blessante (et mal formulée), etc.
Ce qui est intéressant, c’est de regarder comment appréhender l’assertivité. Comprendre que l’on est assertif lorsque l’on n’active pas de mécanisme de défense est la base. Ainsi, je vais être assertif lorsque je ne réagis pas en agressant l’autre, lorsque je ne réagis pas en évitant, en fuyant ou en me soumettant, lorsque je ne réagis pas en manipulant.
Regardons ces trois catégories de plus près :
L’ATTAQUE, L’AGRESSIVITÉ :
Je déploie un comportement dans le registre de l’attaque, de l’agressivité lorsque je vais crier, hurler, insulter, humilier l’autre, utiliser la violence verbale ou physique, critiquer, juger, lorsque je me mets en position haute (supériorité), lorsque je dévalorise, j’ironise, lorsque j’utilise le sarcasme, quand je me moque, je sabote, lorsque je feins l’indifférence, lorsque je suis passif sur la durée (passif-agressif), lorsque je fais peur, je terrorise, lorsque je « fais le mur » face à l’autre, lorsque je suis dans le « oui, mais… », etc.
LA FUITE, L’ÉVITEMENT, LA SOUMISSION :
Je déploie un comportement dans le registre de la fuite, l’évitement, la soumission lorsque je ne veux pas voir, savoir ou regarder (déni), lorsque je suis conscient que je n’affronte pas (évitement), lorsque je dis oui alors que tout mon être me clame que mon équilibre réclame le « non », lorsque je me tais, quand je me mets en position basse (sans stratégie relationnelle), je n’objecte rien alors que j’aurais des choses à exprimer, lorsque je me dévoue (alors que je n’en ai pas spécialement envie), lorsque je me sens victime ou que je joue la victime, lorsque je fuis (physiquement ou mentalement), lorsque je suis dans l’excès d’optimisme (déni) ou de pessimisme (victime), lorsque je (me) trouve des excuses ou des bonnes raisons, lorsque j’accepte la maltraitance, lorsque je suis passif(ve), lorsque je ne veux surtout pas me remettre en question, etc.
LA MANIPULATION :
Je déploie un comportement dans le registre de la manipulation lorsque je mens, je déforme les propos de l’autre ou les faits, lorsque je suis de mauvaise foi, quand je flatte l’autre, quand je fais du chantage, quand je menace, quand je conspire, quand j’exagère, je simule, lorsque je trompe, lorsque je culpabilise, lorsque je compare, quand j’enrobe, je mets en scène, je ruse, je calcule, j’opère au détriment de l’autre pour mon seul intérêt…
LES MÉCANISMES DE DÉFENSE MODÉLISÉS PAR SCHUTZ (L’ÉLÉMENT HUMAIN) :
Will Schutz en a modélisé six : la victime, le sauveur, le critique, le déni, le demandeur et le masochiste.
Je suis sur mon mécanisme de défense « Victime » quand quelqu’un dit quelque chose, et que je l’interprète comme une attaque ou une critique, même si je dois exagérer pour l’interpréter de cette manière. Je me sens offensé et blessé à chaque opportunité qui se présente à moi. Etre une victime me permet de blâmer les autres et de ne pas gérer mes propres lacunes.
Ma maxime, nous enseigne Schutz, est : Pauvre de moi !
Je suis sur mon mécanisme de défense « Critique » quand je fais des commentaires sur chaque chose qui n’est pas parfaite. Je montre du doigt ce qui ne va pas, j’attire l’attention sur les remarques stupides et je critique toutes les idées nouvelles. Si je m’assure que les autres ne sont pas mieux que moi, mes propres lacunes seront plus faciles à gérer.
Ma maxime, nous enseigne Schutz, est : Je vous méprise.
Je suis sur mon mécanisme de défense « Sauveur » quand je m’occupe de tous ceux qui ont besoin d’aide, qu’ils le sachent ou non, qu’ils le veuillent ou non. Je les aide de toutes les façons possibles, sans considération pour leur désir. Si je m’occupe des problèmes des autres, je n’aurai pas besoin de m’occuper de mes propres lacunes.
Ma maxime, nous enseigne Schutz, est : Vous avez besoin de moi.
Je suis sur mon mécanisme de défense « Déni » quand pour moi, il n’y a pas de problème. Je trouverai un moyen pour évacuer ou transformer tout problème en quelque chose sans importance, avec qui que ce soit. Nier tout problème évite d’en gérer les émotions et les sentiments.
Ma maxime, nous enseigne Schutz, est : Pas de problème !
Je suis sur mon mécanisme de défense « Masochiste » quand tout ce qui arrive est de ma faute. J’accepte la responsabilité et les reproches pour tout. Je me blâme pour tout ce qu’il se passe. Je ne laisse pas les gens m’apaiser ou me mettre hors de cause. Je m’accuse en premier pour éviter les accusations des autres. Ainsi, je n’aurai pas à gérer mes propres lacunes.
Ma maxime, nous enseigne Schutz, est : Je suis une misérable créature.
Je suis sur mon mécanisme de défense « Demandeur » quand j’attends fébrilement que vous me disiez que je suis compétent. Dites-moi que vous m’aimez. Dites-le moi encore et encore ! Soyez plus convaincant ! Je demande aux autres de combler mes manques, je leur demande des choses qui ne peuvent me gratifier que temporairement. En trouvant quelqu’un pour compenser mes propres lacunes, je n’aurai pas besoin de le faire moi-même.
Ma maxime, nous enseigne Schutz, est : Davantage ! Davantage ! Davantage !
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Vous comprenez ainsi aisément que lorsque vous affrontez l’autre ou la situation, sans piocher dans ces gammes de comportements ci-dessus, vous êtes dans une communication positive et gagnant/gagnant avec l’autre.
JE VOUS INVITE ÉGALEMENT À COMPRENDRE DEUX ÉLÉMENTS ESSENTIELS :
Les mécanismes de défense sont à l’être humain ce que les feuilles sont aux arbres : indissociables. Nous en déployons tous, à tout moment. Parfois, dans nos périodes de vulnérabilité, nous allons en déployer davantage. Certaines personnes ont des comportements défensifs plus présents que d’autres : cela fait partie de leur histoire et elles n’en ont pas nécessairement conscience.
Je vous propose de regarder les autres autrement à partir d’aujourd’hui : regardez les mécanismes de défense des autres comme une nécessité qu’ils vivent, ici et maintenant, de se protéger de ce qu’ils perçoivent comme une menace, de façon consciente ou non consciente. Cela ne signifie pas que, si quelqu’un vous manipule ou bien vous attaque, vous devez enclencher votre mode « hyper zen » et vous laisser faire. Cela signifie seulement que vous allez comprendre différemment le comportement que vous avez face à vous et que, par conséquent, vous avez la possibilité de réagir différemment, parce que vous lisez, vous comprenez, vous percevez de façon autre la personne qui communique avec vous, là, à cette occasion. Vous allez donc ajuster votre réaction et peut-être saurez-vous alors éviter d’enclencher à votre tour un mécanisme de défense. Et être dans une communication apaisée et positive, en utilisant l’écoute, la reformulation, le « message je »… Bref, en n’entrant pas dans son triangle (dramatique)…
Et gardez toujours à l’esprit que nos mécanismes de défense sont les extraordinaires moyens que nous avons mis au point, avec toute notre intelligence, pour survivre, et ce, dès notre plus jeune âge… Rendons-leur hommage en les accueillant pour les transformer, c’est-à-dire les adoucir, peu à peu…
Axelle