« Je rencontre vraiment l’autre peut-être parce que, à l’occasion de lui, je me rencontre un peu plus« 

Dans sa « Prière de la Gestalt », Fritz Perls parle de « rencontrer l’autre ».
Qu’est-ce que cela signifie vraiment dans la relation à autrui ?

Je suis moi et tu es toi.
Je poursuis ma voie
et tu poursuis la tienne.
Je ne suis pas en ce monde pour répondre à tes attentes
et tu n’es pas en ce monde pour répondre aux miennes.
Tu es toi et je suis moi.
Et si par chance nous nous rencontrons,
alors c’est merveilleux !
Sinon,
nous n’y pouvons rien…

Telle est la Prière de la Gestalt écrite par Fritz Perls.
Je l’adore…
Je l’adore parce qu’elle parle, juste en quelques mots, de tout ce que j’ai appris de moi, de l’autre et de la relation depuis que j’ai découvert la Gestalt en janvier 2014.
Je vais vous en parler en anaphores 😉 :

La Gestalt m’a appris que j’avais entièrement le droit d’être moi. Avec mes qualités, mes failles, mes blessures, mes vulnérabilités, mes rigidités, mes émotions, mes expériences, mon histoire, mes rêves, mon imaginaire, mon caractère, ce que je fais de mon caractère, mes comportements, mes peurs, mes connaissances, mes perceptions, etc. etc.

La Gestalt m’a appris qu’il en était de même pour l’autre : lui aussi est là, dans sa relation avec moi, avec ses qualités, ses failles, ses peurs, ses blessures, son caractère, ses vulnérabilités, ses émotions, ses perceptions, ses connaissances, ses expériences, ses rêves, etc. etc.

La Gestalt m’a appris que nous sommes là ensemble, dans l’ici et maintenant, avec tout ce bagage, qui peut être simultanément fluide et lourd. A cet instant de contact que nous allons avoir l’un avec l’autre, il va se jouer quelque chose : je vais sentir. Sentir ce que ça me fait vivre d’être là, avec cette autre personne, avec qui nous sommes tous les deux, ici et maintenant. Sentir les pensées venir sur cet autre, sentir ce que mon corps m’indique dans ce contact, par exemple de la curiosité, de l’intérêt, de la joie, du stress…

La Gestalt m’a appris que je pouvais être en contact avec un autre sans le rencontrer. Que ce soit cinq minutes ou bien dix ans. Je ne peux ici que donner ma propre définition de ce qu’est pour moi « rencontrer l’autre ». Elle est simple : je rencontre l’autre lorsque je me sens complètement authentique avec lui et que je ressens de l’authenticité de sa part. Je ne peux être certaine que l’autre est pleinement authentique avec moi. Mais je peux l’imaginer et le ressentir au niveau de mon corps, de mon esprit : mon intérieur est fluide, il se passe « du bon » à son contact, dans cet échange, dans cette relation, là, ici et maintenant. J’ai l’impression que nous sommes dans un instant de vérité, de profondeur, que nous partageons ensemble nos véritables « moi » respectifs.
Rencontrer l’autre, c’est un peu comme si l’autre vous ouvrait sa porte et vous laissait visiter toutes les pièces de son château…

Si l’on pousse un peu plus loin, je rencontre vraiment l’autre peut-être parce que, à l’occasion de lui, je me rencontre un peu plus. Il va se passer quelque chose entre nous, dans ce contact, qui va me renvoyer vers un petit quelque chose que je vais découvrir ou confirmer de moi ; qui va me faire vivre une sensation inédite ou particulière ; qui va faire venir une pensée que je n’avais jamais eue ; qui va me faire franchir un petit pas, que je n’attendais pas, que je n’avais pas calculé…

Ainsi, rencontrer l’autre a à voir avec une certaine idée de la profondeur dans la relation à l’autre… et à soi-même.